CfP: Journée d’étude jeunes chercheurs
Traduction, réception, transferts
Laboratoire junior « Horizons comparatistes » / Centre de Recherche en Littérature comparée (Université Paris-Sorbonne)
Jeudi 8 juin 2017
Maison de la Recherche, 28 rue Serpente, 75006 Paris
Appel à communications
L’œuvre traduite, « Produit de trois opérations fondamentales qui la métamorphosent – la transposition linguistique, le transfert culturel et la réappropriation étrangère » (Risterucci, 2008) se situe dans un processus complexe aux facettes multiples, auquel prennent part tant le traducteur que d’autres acteurs du transfert littéraire : éditeurs, critiques, agents, lecteurs. La traduction, tout comme la réception des œuvres étrangères, est un déplacement des œuvres dans un autre champ littéraire que celui d’origine, une « appropriation » de la littérature étrangère, à laquelle correspond une « transmutation sémantique » (Espagne, 2009).
Depuis les années soixante-dix, la traductologie a connu un vrai essor et les approches se sont multipliées. Parallèlement, les études comparatistes de réception se sont alimentées des contributions provenant des recherches en sociologie de la littérature et en histoire culturelle. En se nourrissant des acquis d’autres disciplines, les études de traduction et de réception enrichissent à leur tour de leurs pratiques et de leurs concepts d’autres domaines de recherche. Selon l’aspect sur lequel on met l’accent, la traduction est alternativement conçue comme un échange, une communication linguistique et culturelle, une opération critique ou intertextuelle, une « transposition créatrice » (Berman, 1984), une importation, une opération culturelle, économique et sociale, inscrite dans un contexte historico-social défini et dépendant des rapports de force et d’hégémonie à l’échelle internationale (Casanova, 2002 ; Sapiro, 2008). Néanmoins, conçue en tant que transfert, la traduction littéraire fait partie d’une série d’opérations qui vont de la sélection des textes aux choix de traduction, de la diffusion des œuvres à leur réception dans un système littéraire autre que celui de production, dans lequel elles prennent une position précise et déterminée par l’état du système d’accueil (Even-zohar, 1990).
Le traducteur, défini comme auteur, médiateur, passeur, importateur (Wilfert-Portal, 2002), est à la fois lecteur et écrivain, situé et conditionné par son horizon traductif (Berman, 1995). Traduisant moins une langue qu’une œuvre, il est doté d’une subjectivité, qu’il engage dans ses choix traductifs et dans son approche critique au texte. Écrivant pour des lecteurs autres que le public primaire de l’œuvre, inséré dans un contexte déterminé, il offre à son public une première lecture critique-interprétative des œuvres étrangères, en orientant la réception. En même temps, la réception par la presse et par la critique universitaire peut conditionner les choix des traducteurs et des éditeurs, en imposant une lecture déterminée des œuvres étrangères.
La traduction et la réception des littératures étrangères apparaissent comme deux phénomènes clés des transferts littéraires, s’entrelaçant et s’influençant réciproquement.
Dans le cadre du séminaire de doctorants « Traduction, réception, transferts », on se propose d’interroger les manières dont ces deux phénomènes s’influencent : la pratique de la traduction et de la retraduction d’œuvres littéraires révèle-t-elle des évolutions (ou des invariables) dans l’histoire de leur réception critique ? La réception critique d’œuvres étrangères conditionne-t-elle les choix des traducteurs ? En quoi l’étude de l’histoire des traductions d’une œuvre, ou de sa réception par un public étranger, peut-elle aider à clarifier les dynamiques d’un transfert littéraire ?
Date butoir
Les propositions de communication (maximum 300 mots) sont à envoyer d’ici le 31 mars 2017 avec les coordonnés des intervenants et une notice biographique, à Stefania Caristia et Bernard Evans, responsables du séminaire « Traduction, réception, transferts » du laboratoire junior du CRLC (EA 4510) de Paris-Sorbonne.